Activité 17 : Quelles sortes de données peut-on rassembler au cours d’un suivi de projet d’amélioration de pratique pédagogique ?
Dans cette activité vous allez identifier le type de données qui peuvent être rassemblées pour indiquer le niveau de réussite et l’impact d’un projet.
Que vous travailliez seul.e ou avec un.e ou des collègue(s), faites un remue-méninges pour établir une liste de données pouvant être utilisées pour opérer le suivi d’un projet d’amélioration de pratique de classe. Vous pouvez bien sûr vous inspirer du travail que vous avez fait dans ce chapitre. Suivez les règles d’un remue-méninges à la lettre : voir la ressource clé TESSA Utiliser des cartes conceptuelles et le remue-méninges pour explorer les idées
- Passez votre liste en revue : en êtes-vous satisfait.e ? Ou souhaitez-vous retirer, ajouter des idées ? Souhaitez-vous réorganiser votre liste ?
- Comparez votre liste avec celle établie par un groupe de PRI-ADPC au cours d’un atelier à Dakar (voir ci-dessous.)
- Amendez votre liste si vous le souhaitez.
Données à rassembler pour opérer le suivi d’un projet d’amélioration de pratique de classe |
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L’important sera de collectionner des données qui permettront de rendre évidents les progrès vers les objectifs du programme d’ADPC sur lesquels l’enseignant.e et la PRI-ADPC se sont mis.es d’accord. Quand vous avez fixé les objectifs, vous avez fait une liste d’indicateurs de réussite (Comment vous saurez que vous avez réussi). Encouragez aussi votre collègue-enseignant.e à recueillir les indices (ou signes), en lien avec un des indicateurs de réussite, montrant qu’elle/il effectue des progrès : par exemple, la réflexion inattendue d’un.e élève qui montre son appréciation, un exercice réalisé beaucoup mieux que d’habitude, le commentaire positif d’un parent ou d’un collègue. Ils contribueront à l’évaluation des progrès. Demandez-lui de noter la réflexion prononcée, ou de photographier la partie de l’exercice qui montre l’impact des changements apportés à ses pratiques pédagogiques ; et demandez-lui aussi d’ajouter un court commentaire indiquant ce que montre ce témoignage.
Où et comment collectionner toutes ces données : le portfolio
L’enseignant.e engagé.e dans son projet d’amélioration de pratique de classe doit être la/le propriétaire de toutes les données qu’elle/il collecte. Ces données seront toutes rassemblées dans un « endroit » qui les rendra faciles à consulter, analyser et, au besoin, partager.
Cet « endroit » pourra être un carnet de bord ou un portfolio qui sont un cahier ou un classeur « réel » ou électronique. Le choix de « l’endroit de collection » se fera de manière à faciliter l’organisation et l’annotation des « preuves ». Il sera nécessaire de les réviser et de les annoter pour expliquer comment elles montrent la progression vers des objectifs ou leur réalisation.
Selon Wiki-TEDia (http://wiki.teluq.ca/TED6210/index.php/Portfolio), il existe 3 sortes de portfolios. Pour le moment, concentrons-nous sur le portfolio pour apprendre ; il s’agit du « portfolio, dossier d’apprentissage qui permet la consignation des travaux de l’(apprenant.e). Ce dernier et l’enseignant contribue régulièrement à la sélection des documents. » La sélection des documents sera donc faite par votre collègue-enseignant.e et vous-même. Le tableau de la page suivante, adapté de Wiki-TEDia, résume les caractéristiques du portfolio d’apprentissage, adaptées pour refléter le portfolio d’un.e enseignant.e suivant un programme d’ADPC.
Description |
Buts |
Personnes |
Façons de |
Collection de travaux de l’apprenant.e faisant foi de ses progrès sur une période donnée |
< Suivre le cheminement de la /le collègue-enseignant.e < Mieux comprendre le processus d’apprentissage de la/du collègue-enseignant.e < Apprendre à la/au collègue-enseignant.e à s’autoévaluer < Aider la/le collègue-enseignant.e à prendre conscience de ses apprentissages |
< La/le collègue-enseignant.e < La PRI-ADPC < Les élèves de la/du collègue-enseignant.e < Les autres enseignant.e.s |
< Choisir les productions < Ajouter des commentaires et des réflexions < Analyser la collection < Reconnaître les améliorations possibles < Se fixer des buts < Présenter la collection à la PRI-ADPC |
(adaptation du tableau Schéma 1 : Synthèse des trois types de portfolios : http://wiki.teluq.ca/TED6210/index.php/Portfolio#Appellation_en_anglais
http://wiki.teluq.ca/wikitedia/index.php/Fichier:Portfolio-numerique.jpg
Diffusé sous licence : Creative Commons Attribution – Partage dans les mêmes conditions 4.0)
Vous trouverez à la page suivante, la liste établie par le même groupe de PRI-ADPC à l’atelier de Dakar listant les diverses origines des documents qu’un portfolio pourrait contenir, sous les formes abrégées dont vous trouvez ci-dessous la signification :
Plan |
Planification pour enseigner |
Ens |
Pratique de classe (enseignement) |
Eval |
Évaluation par collègues |
Rfx |
Réflexion sur son propre apprentissage / enseignement |
App |
Apprentissage à partir de sources variées (articles, livres, collègues, observations, etc) |
Un portfolio peut contenir : |
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Avec le soutien de la PRI-ADPC, tout au moins au début du processus, les données évolueront au fur et à mesure que l’enseignant.e progresse dans son développement professionnel ; il sera important de désélectionner certains documents ou témoignages au profit d’autres qui documentent mieux des progrès vers l’accomplissement des objectifs du programme d’ADPC. Par exemple pour établir l’amélioration de la qualité de la réflexion à la fin des leçons, il sera sans doute utile d’avoir une fiche de réflexion au début du programme, une au milieu du programme et une très récente, et d’écrire un court paragraphe pour démontrer comment et pourquoi la réflexion s’est améliorée.
Il est important d'encourager l'enseignant.e qui suit un programme d'ADPC à tenir un portfolio pour enregistrer les jalons de son développement. Mais vous, en tant que PRI-ADPC, suivez aussi un programme de développement. Vous trouverez vraisemblablement utile de documenter vos propres progrès.
Outil : Entreprendre er documenter votre ADPC, le portfolio, un outil-clé
Réflexion et analyse
Collectionner toutes ces données ne suffit pas. Il est important de les analyser et de réfléchir à ce qu’elles révèlent sur la pratique de l’enseignant.e et la manière dont elle/il progresse vers les objectifs fixés.
Killion et Todnem (1991) identifient 3 types de réflexion :
- La réflexion dans l’action (ou selon Perrenoud (1998), la réflexion dans le feu de l’action) se passe, comme son nom l’indique, pendant le travail dans la classe. L’enseignant.e utilise ses connaissances implicites de praticien.ne pour ajuster son enseignement pendant la leçon. Il est souvent difficile de rendre compte de ce type de réflexion.
- La réflexion sur l’action se passe a posteriori, après la leçon, et permet de réfléchir sur l’action ; elle peut porter sur des évènements précis de la leçon ou sur son ensemble.
- La réflexion pour l’action : Ce type de réflexion est proactif et utilise l’expérience passée pour informer les actions futures de l’enseignant.
Cité dans le cours en ligne Learning to learn : reflecting backward, reflecting forward, Moon (2004: 181) note des similitudes entre la réflexion et l’utilisation d’un instrument imaginaire appelé la « pensine » (Rowling, 2000: 548) dans Harry Potter et la Coupe de feu:
« Il suffit d’extraire les pensées inutiles de son esprit et de les déverser dans cette bassine pour pouvoir les examiner plus tard tout à loisir. Il devient alors plus facile de distinguer les structures et les liens qui les unissent lorsqu’elles se trouvent sous cette forme. »
Votre collègue-enseignant.e et vous-même allez surtout vous concentrer sur la réflexion sur l’action et un peu sur la réflexion pour l’action. Réfléchir sur les évènements qui se sont passés dans la classe va permettre à votre collègue-enseignant.e de mieux comprendre les raisons de ses choix, de ses actions et de ses ressentis à ce sujet ; cela va l’aider à identifier ses forces et les éléments de sa pratique à améliorer. Il est important qu’elle/il identifie ses forces de manière à les consolider et à s’en servir pour renforcer sa pratique et lui permettre de travailler sur les points à améliorer, un ou deux à la fois.
Réfléchir par écrit permet de se distancier de l’action et d’examiner (ses actions) plus tard tout à loisir. (Rowling, 2000)
Examiner ses actions demande objectivité et esprit critique. Le cours en ligne Learning to learn : reflecting backward, reflecting forward suggère un « modèle de pensée critique (qui) contient un ensemble de questions soigneusement ordonnées qui vous font avancer pas à pas dans un processus de pensée. On vous encourage d’abord à être descriptif, puis analytique et enfin évaluatif. Chaque partie de ce processus est important mais, pris dans son ensemble, il fournit un cadre de questionnement qui constitue une réflexion : »
Descriptif |
Qu’est-ce que j’ai fait ? |
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Qu’est-ce que le groupe A a fait ? |
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Qu'est-ce que j'ai dit/fait ? |
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Analytique / réflexif |
Pourquoi ai-je réagi de cette manière ? |
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Qu'éprouvait chacun de nous en conséquence ? |
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Et si j'avais préparé les boîtes de matériel à l’avance ? |
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Réflectif / évaluatif |
Et alors? Cela aurait-il eu une incidence sur le résultat ? |
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Que puis-je faire la prochaine fois pour permettre au groupe de travailler plus facilement ? |
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(Tableau adapté du tableau de Activity 12: What is reflection?